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En attendant le bouquet final

L’essentiel du dimanche politique.
Par ANNE-CHARLOTTE DUSSEAULX
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TOUJOURS LE POING LEVÉ. En allumant sa télé ce matin, votre serviteure a découvert avec stupeur l’image de Donald Trump, le poing levé et le visage ensanglanté. L’ex-président, touché à l’oreille droite, a échappé à une tentative d’assassinat, vers minuit (heure française), lors d’un meeting en Pennsylvanie. Un spectateur et l’assaillant, âgé de 20 ans, ont été tués. Nos collègues américains vous en disent davantage ici.
De notre côté de l’Atlantique, fête nationale oblige, l’attention de Dimanchissime s’est portée sur le défilé du 14-Juillet, mais aussi sur la recomposition politique en cours. Ce week-end marquait également l’arrivée de la flamme olympique à Paris. A quelques jours de l’ouverture des Jeux, Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports, a quant à elle barboté quelques instants dans la Seine hier matin, filmée en direct évidemment.
Au menu de Dimanchissime : 
— Attal, le chef qui agace le grand chef.
— NFP : l’hypothèse Bello tombe à l’eau.
DE L’ORAGE DANS L’AIR. Protocole oblige, Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont passé plusieurs heures côte à côte aujourd’hui, d’abord pour la revue des troupes militaires, ensuite pour assister, en tribune présidentielle, au traditionnel défilé du 14-Juillet. Entre les deux hommes, l’atmosphère était plus fraîche que la météo : leur relation étant devenue exécrable depuis la dissolution. Pas sûr que le “Douce France” entonné par le chœur de l’armée française ait réussi à les rabibocher…
Minimum syndical. Les deux têtes de l’exécutif “se parlent quand ils ont besoin de se parler, ils se voient quand ils ont besoin de se voir,” résumait ce matin un proche du Premier ministre dans Le Parisien. Quand, en face, selon un conseiller élyséen, “le président trouve que Gabriel [Attal] en a trop fait alors qu’il lui doit tout”.
Bonjour président. Le Premier ministre garde en tout cas le lead dans le camp macroniste. Déjà chef de campagne pendant les législatives, Gabriel Attal a été largement élu hier président du groupe Renaissance à l’Assemblée avec 84 voix sur 98 (sept blancs et sept abstentions).
Un nouveau nom : le groupe s’appellera “Ensemble pour la République”, si l’on s’en tient à la profession de foi d’Attal avant le vote.
Ubiquité. Un poste qu’il cumulera avec celui de PM. Même si Macron devrait accepter sa démission mardi, selon plusieurs de nos confrères, il restera en poste pour gérer les affaires courantes du pays (Playbook vous en parlait cette semaine) jusqu’à la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale — ce qui pourrait s’éterniser. Il n’y aura “pas d’annonces, pas de Conseil des ministres, pas de déplacement sauf urgence, seule compte la marche normale de l’Etat”, explique un directeur de cabinet dans La Tribune Dimanche.
Sa première fois. Quoi qu’il en soit, Attal a deux rendez-vous calés à son agenda de lundi : 1/ en tant que président de groupe, il tiendra, à 10h30, sa première réunion en visioconférence avec les députés de Renaissance. Dans sa profession de foi, il appelait à “tout repenser, tout réinventer, tout reconstruire”. 2/ En tant que cadre du parti et futur ex-PM, il doit aussi retrouver Macron et certains de ses camarades à l’Elysée, comme ce fut le cas vendredi.
Lo que pasó. A la veille du week-end, le chef de l’Etat, de retour du sommet de l’Otan, avait sermonné les ténors de son parti, réunis à l’Elysée : Gabriel Attal, Elisabeth Borne, Gérald Darmanin, Stéphane Séjourné, Yaël Braun-Pivet, Sylvain Maillard et Aurore Bergé. Après avoir rappelé tout le monde à son “devoir d’unité”, le PR avait dénoncé le “spectacle désastreux” donné par son propre camp. “Ce spectacle, il ne le doit qu’à lui-même”, grinçait une macroniste dans Le Figaro samedi.
Mise en garde. Dans une “ambiance pesante” selon un participant, le président avait mis en garde les uns et les autres, avec une phrase rapportée par Le Parisien hier : “Si vous commencez la campagne de 2027 maintenant, vous serez balayés. La nation plutôt que les ambitions prématurées.” Dans son viseur : Gabriel Attal, mais aussi Gérald Darmanin.
Combat de coqs. Rien ne va plus entre les deux ministres. “La Macronie sombre dans le combat des chefs,” titrait Le Figaro hier. “C’est complètement la guerre totale” entre Attal et Darmanin, racontait hier un témoin du niveau de brutalité dans Libération. Le second, poussé par Macron pour empêcher l’élection d’Attal, avait tenté sans succès d’obtenir le report de la date du scrutin interne ; puis défendu, en vain également, le principe d’une direction collégiale intérimaire. 
Choqué déçu. Apparemment, le (encore pour quelque temps) locataire de Beauvau n’a pas prévu de baisser d’un ton dans sa critique attalienne. “Je regrette qu’on ne parle pas du fond, ni de la ligne”, a tancé Gérald Darmanin aujourd’hui dans Le Parisien, en ajoutant : “C’est dommage, la façon dont les choses se passent et la violence avec laquelle elles se font.” Vendredi, il avait déjà posté un message du même ordre dans la boucle des députés Renaissance, avant de lancer lors du conciliabule à l’Elysée : “Je voudrais savoir comment on continue à vivre ensemble.”
Pas sûr que ça suffise : selon Le Parisien, Attal devrait nommer quatre émissaires chargés de la reconstruction du groupe à l’Assemblée.
BELLO CIAO. A gauche, le week-end avait commencé avec un nouveau nom pour le poste de Premier ministre : celui d’Huguette Bello, la présidente du conseil régional de La Réunion. Mais les espoirs ont vite été douchés. L’intéressée elle-même a rejeté cette éventualité peu avant 11 heures ce matin.
Sans elle. Dans un communiqué publié sur X, Huguette Bello dit “prendre acte” que son nom “ne fait pas l’objet d’un consensus”, et “notamment qu’elle n’est pas soutenue” par le PS. “Dans ces conditions, j’ai décidé de décliner sans plus attendre l’offre qui m’a été faite”, ajoute-t-elle, laissant le NFP dans une situation chaque jour plus inextricable.
On rembobine. Si vous n’avez pas suivi, son nom avait été proposé par les communistes dans la nuit de mercredi à jeudi. L’option contentait aussi les Insoumis puisque Bello est proche de Jean-Luc Mélenchon et figurait en dernière place de la liste de Manon Aubry aux européennes. 
Sauf que les socialistes n’en voulaient pas. “Bello, c’est une histoire pour leur groupe de députés PCF, pour garder les députés réunionnais qui voulaient partir… C’est un leurre !”, s’emportait un proche d’Olivier Faure dans Le Parisien hier. C’est une “proposition sérieuse pour des gens qui ne veulent pas gouverner”, cinglait un autre socialiste, quand, sur X, plusieurs, dont l’ancien député PS Luc Carvournas, ont reproché à Bello de s’être abstenue lors du vote sur le mariage pour tous en 2012.
Dit autrement par François Hollande ce matin dans La Tribune Dimanche : “Il est impossible qu’une personnalité de LFI soit nommée par le président. Quand bien même il le ferait, ça ne tiendrait pas trois jours.”
Casus Bello. Convoqué en urgence, un conseil national du PS a rejeté hier l’hypothèse Huguette Bello. Elle “ne fait consensus ni chez les socialistes ni chez les Ecologistes”, estimait ce matin Olivier Faure dans une interview au Parisien.
Le plus Faure. L’instance socialiste a aussi considéré que la candidature de son premier secrétaire à Matignon était “toujours légitime”, et a appelé à poursuivre les discussions au sein du NFP.
Parole à la défense. “Elle nous semblait cocher beaucoup de cases”, lui a comme répondu ce midi sur France Inter l’Ecologiste Marine Tondelier (après le retrait de Bello), qui assure avoir considéré cette option “avec beaucoup d’intérêt et de sérieux”. La Verte n’a pas manqué de critiquer l’attitude des socialistes, qui n’ont “mis qu’un nom sur la table” (celui de Faure, pour ceux qui dorment au fond de la classe) et de saluer celle des Insoumis qui ont “fait plus de pas dans la discussion”. 
Incompréhension. Face au refus du PS, les instances de LFI ont fait une visio, à l’heure du déj (nous n’en connaissions pas encore l’issue à l’heure où vous lisez ces lignes), pour “analyser la signification des blocages constats des socialistes contre toute candidature que celle de son premier secrétaire”, avait iXé hier le coordinateur national Manuel Bompard. “Nous attendions de comprendre quels arguments politiques” le PS “opposait à la candidature de Mme Bello, nous n’en avons eu aucun”, a déploré la députée LFI Clémence Guetté ce matin sur France Inter. 
Retour à la case départ. Après ce coup pour rien, Fabien Roussel a exhorté, dans un communiqué publié à la mi-journée, ses alliés du NFP à se réunir “au plus vite pour sortir par le haut de la situation de blocage actuelle”. “Il faut arrêter le double langage et les ambiguïtés”, écrit aussi le patron des communistes. “Il a raison ; moi aussi je suis fatiguée, moi aussi j’ai envie qu’on s’en sorte”, a complété Marine Tondelier.
Au passage, Dimanchissime note que les noms de Cécile Duflot, ex-ministre Ecolo aujourd’hui patronne d’Oxfam France, et Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, ont également été mis sur la table, selon Le Monde.
HAUT PERCHÉ. C’est la date à cocher : le 18 juillet, l’Assemblée nationale choisira son président. Dernier candidat à être sorti du bois : le socialiste Boris Vallaud, dans La Tribune Dimanche. Le perchoir attire toutes les convoitises. En vrac : la sortante Yaël Braun-Pivet ; Sandrine Rousseau et Cyrielle Chatelain chez les Ecolos ; l’ex-Liot Charles de Courson ; Philippe Vigier et Geneviève Darrieussecq du Modem, ou Naïma Moutchou d’Horizons ; ou encore le coco André Chassaigne, décrit comme une “hypothèse de compromis qui circule dans les couloirs de Renaissance”, toujours selon l’hebdomadaire. 
C’est clef. Le sujet a d’ailleurs été longuement abordé vendredi lors de la réunion à l’Elysée : “Si on arrive à former une coalition autour de nous pour faire élire un membre du bloc central à la présidence de l’Assemblée, alors cela voudra dire qu’on peut parvenir à faire une coalition gouvernementale”, a insisté Macron selon un participant à l’AFP. “Jeudi, avec l’élection du président de l’Assemblée nationale, nous saurons, de manière indiscutable, comment se répartissent les forces”, a aussi avancé François Bayrou dans Le JDD du jour. 
IL N’Y CROIT PAS. Le maire de Pau dit aussi ne pas être convaincu par l’appel de Macron dans sa lettre aux Français. “Si vous attendez que les partis politiques s’entendent [sur une coalition], vous allez attendre longtemps !”, a jugé le patron du Modem dans l’hebdo dominical. Pour lui, c’est au président de “prendre ses responsabilités” et de choisir un gouvernement “qui puisse garantir unité et cohérence” autour d’une “majorité de républicains, de gauche, du centre et de droite”. Et si besoin, il fera “tout ce qu’il pourra “pour favoriser la sortie de l’impasse ridicule et affligeante dans laquelle nous nous trouvons”.
BERCY, C’EST FINI. Dans l’instabilité du moment, une chose est sûre pour Bruno Le Maire : il quitte Bercy. Celui qui est (encore) deuxième dans l’ordre protocolaire du gouvernement s’est confié au Figaro sur ses envies de retrouver son Pays basque “avec Les Pensées, de Pascal, sous le bras pour les relire une dixième fois”. “Les livres s’imposent à moi”, a-t-il même commenté. Ce qui n’empêche pas le ministre de garder un orteil dans la politique. Quand on s’éloigne, c’est souvent pour mieux revenir. Il prévient déjà : ce ne sera “pas pour jouer les seconds rôles”. Commentaire amusé de l’un de ses vieux amis dans Le Monde : “Il s’y voit à fond.”
IL PERSISTE. “Je maintiens que le samedi 16 mars j’étais chez moi dans l’Eure”, et non en train de dîner avec Marine Le Pen, a répété hier dans Le Figaro Sébastien Lecornu. S’il dément la date, ce dernier ne dément pas forcément le principe, jugeant “rassurant pour le pays et de bon sens” que le ministre des Armées “discute avec toutes les oppositions”. Après son départ de l’Hôtel de Brienne, Lecornu — qui a également une interview dans Le Parisien ce matin — entend “s’occuper de son département”, l’Eure, et lutter contre le RN justement. Il veut aussi “continuer à faire vivre le débat d’idées qui en a cruellement besoin”.
PAS DE TONALITÉ. Y aurait-il des problèmes de réseau à l’Elysée ? Dimanche dernier, voyant son ancien N+1 élu dans la Corrèze, Emmanuel Macron a annoncé à ses proches qu’il allait appeler François Hollande, apprend-on dans Le Figaro. “Il m’a toujours félicité les fois où j’ai été élu”, justifie le président. Mais du côté du député socialiste fraîchement élu, on s’étonne. “Il n’y a pas eu d’appel manqué, pas eu de message vocal, et pas eu de SMS non plus”, assure-t-on. Pourtant, le téléphone de l’ancien président fonctionne bien puisqu’il a affiché le nom d’un certain Patrice Vergriete, ministre des Transports, dans la semaine.
LES MAILLONS FAIBLES. Qui a dit que les grands ménages étaient l’apanage du printemps ? Au RN, on sort les balais du placard pour mettre un coup de propre après une campagne d’entre-deux-tours qui a entaché la stratégie de dédiabolisation du parti. Le Monde fait le point : Marie-Christine Parolin dans l’Aveyron ne siège plus parmi les conseillers régionaux RN en Occitanie, idem pour Laurent Gnaedig dans le Grand Est. A peine réélu, Daniel Grenon, député de l’Yonne, est, lui, déjà exclu du groupe RN à l’Assemblée. Parmi les cas qu’il reste à traiter, celui de Florence Joubert, députée de Dordogne ou encore de François Billaud, candidat dans les Côtes-d’Armor.
L’invitée de 8h20 de France Inter : Clémence Guetté, députée LFI du Val-de-Marne.
Questions politiques sur France Inter et Franceinfo avec Le Monde : Marine Tondelier, secrétaire nationale Les Ecologistes-EELV.
L’invitée politique de Franceinfo : Astrid Panosyan-Bouvet, députée Renaissance de Paris.
ET AUSSI À LA UNE. Le Parisien : Fête nationale, un 14 juillet en ordre dispersé … La Tribune Dimanche : Une Assemblée sans majorité, la discorde nationale … Le JDD : Recherche stabilité désespérément …
Lundi 15 juillet. A 9h30, conférence de presse de la Cour des comptes sur la situation et les perspectives des finances publiques … A 10 heures, conférence de presse de présentation du rapport annuel 2023 de l’Autorité de la concurrence.
Mardi 16 juillet. Ouverture de la session plénière du Parlement européen (jusqu’au 19) … Audience en référé à 9h30 au tribunal judiciaire de Paris : Marion Maréchal attaque Reconquête en justice pour se faire rembourser ses frais de campagnes aux élections européennes.
Mercredi 17 juillet. Baignade dans la Seine d’Anne Hidalgo, à 9 heures, à Paris.
Jeudi 18 juillet. Emmanuel Macron se rend à Woodstock, au Royaume-Uni, pour le 4e sommet de la Communauté politique européenne … Assemblée nationale : ouverture de la 17e législature de la Ve République … A 15 heures, élection du futur président de l’institution … Avant 18 heures, les groupes doivent remettre leurs déclarations politiques, les noms de leurs membres et de leur président … La CGT Cheminots appelle à des rassemblements pour exiger la mise en place d’un gouvernement NFP.
Vendredi 19 juillet. Assemblée nationale : désignation des six vice-présidents de trois questeurs et de douze secrétaires … Election du président de la métropole Nice-Côte d’Azur, après la démission de Christian Estrosi.
Samedi 20 juillet. Assemblée nationale : première conférence des présidents pour discuter du calendrier parlementaire … Election des bureaux des huit commissions permanentes … Nouvelle-Calédonie : ouverture du congrès du FLNKS.
— Emmanuel Macron, le magnifique (en anglais)
— Jets privés ou EasyJet, le grand écart des voyages ministériels (en accès libre)
— Sociologues, politistes… ces chercheurs élus députés qui s’engagent en politique (à gauche) (Libération)
— Emotions, tensions et tractations : les coulisses d’une folle semaine à l’Assemblée nationale (Le Figaro)
AVEC LFI, SANS LE NFP. L’Union étudiante et l’Union syndicale lycéenne appellent à se réunir ce soir, à 19 heures, place de la Nation à Paris pour “protester contre le coup de force” d’Emmanuel Macron qui “renie”, selon eux, “le verdict des urnes” et “demander un gouvernement” du NFP. Une démarche soutenue par La France insoumise, mais pas par Olivier Faure. “Lorsque l’on s’apprête à gouverner, on doit faire la démonstration que le moment de l’agit-prop est terminé”, a taclé le socialiste dans Le Parisien du jour. Sur Inter, l’Ecologiste Marine Tondelier a, elle, botté en touche : “Ce n’est pas une initiative du NFP.”
Un grand merci à : mon éditeur Jean-Christophe Catalon, Sofiane Orus Boudjema et Pauline de Saint Remy.
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